L’utilisation de ces vases à encens au moment des funérailles est fréquente dans le centre de la France et peut avoir plusieurs interprétations : invocation du divin, rituel d’accompagnement et de purification du défunt, couverture de l’odeur du cadavre, ou encore valeur symbolique (renforçant le caractère sacré de la tombe).
Un charbon incandescent surmonté d’encens dans un pot placé au niveau des pieds ou de la tête d’un défunt et percé de trous d’où s’échappe une fumée odorante : voilà ce que révèlent quelques céramiques retrouvées dans deux sépultures issues de fouille du cimetière urbain médiéval du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, dans les années 1990. Ces objets, au même titre que tout le restant du mobilier issu des fouilles anciennes, intègrent actuellement un « chantier des collections » (financé en partie par la DRAC-SRA Centre-Val de Loire), qui vise à établir un inventaire scientifique actualisé du mobilier exhumé et à en optimiser le conditionnement.
L’utilisation de ces vases à encens au moment des funérailles est fréquente dans le centre de la France et peut avoir plusieurs interprétations : invocation du divin, rituel d’accompagnement et de purification du défunt, couverture de l’odeur du cadavre, ou encore valeur symbolique (renforçant le caractère sacré de la tombe).
On utilisait pour cela habituellement des céramiques issues du vaisselier domestique, généralement des pots servant à cuire les aliments. Ces vases, souvent neufs mais pouvant présenter des défauts (raté de cuisson, anse cassée) étaient alors percés à l’aide d’une pointe de couteau ou de clou pour que la fumée puisse s’en échapper. Cependant, à Saint-Martin-des-Champs, les pots retrouvés ne sont pas courants dans la sphère domestique locale de cette époque (fin XIIe-XIIIe s.) : peut-être ont-ils été produits plus spécifiquement par les potiers locaux pour cette destination, à l’instar des petites bouteilles à eau bénite retrouvées plus fréquemment dans les différents cimetières médiévaux de la ville? Quoi qu’il en soit, cette pratique, si elle est bien attestée à Bourges durant le Moyen Âge dans des sépultures en lien avec des établissements religieux (Notre-Dame-de-Sales), ne se retrouve pas partout (entre autres, plus au nord, au Grand cimetière ; fouilles récentes des Etablissements Monin) : en ce sens, elle est aussi révélatrice du statut social du défunt et de sa famille.