L’alimentation en eau potable est une politique majeure de l’agglomération. Bourges Plus exerce ce service en régie, avec la volonté d’en assurer pleinement la maîtrise depuis les captages d’eau jusqu’au robinet. Elle mène ainsi un important programme de renouvellement des conduites d’eau potable anciennes, réalise des interconnexions de sécurisation et conduit des actions de protection des ressources. Particulièrement attentive à la qualité de l’eau distribuée, elle a décidé de renforcer son programme de surveillance, bien au-delà de ses obligations réglementaires, en complément du contrôle sanitaire de l’Agence Régionale de la Santé.
Bourges Plus assure en régie l’alimentation en eau potable pour satisfaire les besoins du territoire. La communauté d’agglomération produit elle-même 90% de l’eau qu’elle distribue en exploitant plusieurs captages d’eaux souterraines - Saint-Ursin à Bourges, le Porche à Plaimpied-Givaudins et le Prédé à Saint-Doulchard -, et un captage dans la nappe alluviale de la Loire à Herry. Elle achète également de l’eau au SMAERC pour alimenter Mehun sur Yèvre à partir du forage La Geneste 2, au SMEACL pour alimenter le Sud de l’agglomération à partir du forage du Lapan ainsi qu’au SMIRNE pour alimenter Saint-Michel de Volangis.
L’eau prélevée est simplement désinfectée au chlore et au bioxyde de chlore, avant d’être distribuée. Elle ne subit pas de traitement physico-chimique. Préalablement, les eaux du Porche et de Saint-Ursin sont diluées avec les eaux prélevées à Herry. Ces différentes dispositions permettent à Bourges Plus de distribuer une eau répondant aux exigences de qualité sanitaire de l’eau du robinet.
L’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés en France, afin de garantir la sécurité des consommateurs. Le contrôle réglementaire de la qualité sanitaire de l’eau est réalisé régulièrement par l’Agence Régionale de la Santé (ARS), autorité indépendante de Bourges Plus. L’ARS décide des points de prélèvements d’eau et de leur fréquence, en fonction du nombre d’habitants desservis. Elle fait réaliser les analyses par un laboratoire agréé par le Ministère de la Santé. Les analyses portent sur la qualité physico-chimique (nitrates, pesticides, etc.) et la qualité bactériologique des eaux brutes et des eaux distribuées. Pour assurer l’information des consommateurs, les résultats d’analyse sont mis en ligne par le Ministère de la Santé :
https://orobnat.sante.gouv.fr/orobnat/afficherPage.do?methode=menu&usd=AEP&idRegion=24
L’ANSES est l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Elle est placée sous la tutelle des ministères de la santé, de l’environnement, de l’agriculture, du travail et de la consommation. Son rôle est d’apporter une expertise scientifique et technique indépendante et de surveiller et évaluer les risques sanitaires, pour appuyer les décideurs publics.
L’ANSES est régulièrement saisie par le Ministère de la santé, notamment sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine. Elle est chargée d’évaluer la pertinence de certaines substances au regard des risques sanitaires et de déterminer le cas échéant les Valeurs Sanitaires Maximales (VMAX), au-delà desquelles la consommation de l’eau du robinet est susceptible de présenter des risques pour la santé : des restrictions d’usages peuvent alors être imposées en cas de dépassement.
En avril 2023, l’ANSES a publié les résultats d’une étude nationale sur la présence de composés dits « émergents » dans les ressources en eau. Leur détection a été rendue possible par le développement de nouvelles méthodes d’analyse. La campagne de mesure a mis en évidence la présence de résidus de pesticides, encore appelés métabolites de pesticides dans les ressources en eau d’une grande partie du territoire français. Il s’agit notamment du chlorothalonil R471811 et du chloridazone-méthyl-desphenil.
Le terme « pesticide » désigne les molécules actives ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables, qu’il s’agisse de plantes (herbicides), d’animaux comme des insectes, acariens, etc. (biocides), de champignons (fongicides) ou de bactéries. Il existe plus d’un millier de substances actives de pesticides. Leur mise sur le marché est réglementée. Ils sont utilisés notamment en agriculture conventionnelle. L’utilisation des pesticides chimiques est interdite dans les jardins et espaces publics depuis 2017, et dans les jardins des particuliers depuis 2019.
Le terme « métabolite de pesticide » désigne un produit de dégradation ou de transformation de la molécule active du pesticide dans l’environnement. Il « survit » à la substance active du pesticide dont il est issu et peut persister dans l’environnement.
Le chlorothalonil est un fongicide mis sur le marché dans les années 1970, utilisé en agriculture principalement pour les cultures de céréales (le blé, le seigle, l’orge, etc.). Depuis 2020, son utilisation est interdite en France et dans toute l’Union Européenne. Cependant, on retrouve encore des traces de molécules issues de sa dégradation dans les sols et les ressources en eau. L’ANSES a détecté plusieurs métabolites issus de la dégradation du chlorothalonil dans le cadre de son étude nationale. Le plus fréquemment rencontré est le chlorothalonil R471811, présent dans près de 60% des ressources en eau.
Par défaut de connaissances disponibles et en vertu du principe de précaution, l’ANSES a pour l’instant classé ce métabolite comme pertinent pour les eaux destinées à la consommation humaine. Une Valeur Sanitaire Transitoire a été fixée à 3 microgrammes par litre par le Ministère de la santé en mai 2022. En parallèle, le Ministère de la Santé a mandaté l’ANSES pour confirmer la pertinence et déterminer une valeur sanitaire maximale adaptée à ce métabolite.
Le chloridazone est un herbicide principalement utilisé pour la culture de la betterave. Depuis 2020, son utilisation est également interdite. Comme pour le Chlorothalonil, il peut également se dégrader dans l’environnement. Un de ses produits de dégradation, le Chloridazone-methyl-desphenil a également été détecté par l’ANSES dans les ressources en eau. Comme pour le chlorothalonil R471811, ce métabolite est pour l’instant classé pertinent, par défaut de connaissance et en vertu du principe de précaution. La même Valeur Sanitaire Transitoire de 3 microgrammes par litre a été fixée par le Ministère de la Santé, sur avis du Haut Conseil pour la Santé Publique.
Une fois appliqués sur les cultures, les pesticides se dégradent sous l’effet de différents facteurs et donnent naissance à d’autres molécules, les « métabolites » ou « molécules filles ». Sous l’effet des pluies qui lessivent les sols et s’infiltrent, ces métabolites sont entrainés vers les nappes phréatiques et les cours d’eau.
Le captage du Porche a été analysé par l’ANSES dans le cadre de la campagne nationale sur les composés émergents. Sur 205 substances recherchées, l’ANSES a détecté des traces de plusieurs métabolites de pesticides, dont un qui dépasse la limite de qualité réglementaire (LQ) de 0,1 microgramme par litre : le chlorothalonil R471811, mesuré à une teneur de 0,29 microgramme par litre dans les eaux distribuées.
L’Agence Régionale de Santé a donc intégré à partir de septembre 2023 les métabolites détectés par l’ANSES dans son contrôle sanitaire des ressources en eau mobilisées par Bourges Plus. Les premières mesures de l’ARS ont confirmé la présence de traces du chlorothalonil R471811 dans les eaux souterraines du Porche et de Saint Ursin, ainsi que du Chloridazone desphenil au Porche. Les eaux de la nappe alluviale de la Loire sont mieux préservées.
La limite réglementaire de 0,0000001 gramme par litre a été fixée initialement par la directive européenne du 15 juillet 1980 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, dans un objectif de protection, en considérant que les pesticides n’étaient pas des constituants naturels des eaux et qu’en conséquence, on ne devait pas les y retrouver. Cette valeur correspond aux seuils de détection des méthodes d’analyses disponibles au début des années 1970 pour les pesticides recherchés à cette époque. Elle n’est pas fondée sur une approche toxicologique et n’a donc pas de signification sanitaire. Elle est commune à tous les pesticides et désormais leurs métabolites pertinents.
Les techniques de détection et de quantification des métabolites sont en constante évolution. Pour les métabolites du Chlorothalonil et du Chloridazone, de nouvelles techniques ont été récemment développées par l’ANSES. Les laboratoires agréés par le Ministère de la Santé sont en train de s’en saisir et déploient leurs premières analyses. On mesure donc pour la première fois ces métabolites, résultant de la dégradation de pesticides utilisés depuis les années 1970, soit près de cinquante ans, et désormais interdits.
Oui. L’ARS n’a définie aucune restriction d’usage suite au contrôle sanitaire effectué sur les eaux de Bourges Plus. L’eau distribuée peut continuer à être bue et utilisée pour l’alimentation de tous.
Les traces de métabolites de pesticides mesurées par l’ARS restent en effet inférieures au seuil de 3 microgrammes par litre, valeur sanitaire transitoire fixée par le Ministère de la Santé .
La stratégie d’action de Bourges Plus repose sur plusieurs leviers :
L’agglomération Bourges Plus a également la volonté pour l’avenir de maitriser l’ensemble des ressources distribuées sur l’agglomération, pour mieux les protéger.
De nombreuses collectivités demandent que l’interdiction de l’usage des pesticides soit effective dans les périmètres de protection et les aires d’alimentation des captages des ressources en eau. Face aux coûts auxquels elles peuvent être exposées, ces collectivités et leurs fédérations rappellent l’importance du principe pollueur-payeur pour préserver le pouvoir d’achat des usagers de l’eau.
Bourges Plus partage ces attentes et principes. Elle continue de s’appuyer en confiance sur ses partenaires pour faire évoluer les pratiques agricoles.
L’eau en bouteille fait également l’objet d’évaluation de qualité. Une récente étude américaine, publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences le 8 janvier 2024, met en évidence la présence de nanoparticules plastiques (plus de 100 000 particules par litre d’eau), mesurées grâce à de nouvelles technologies de détection (en ligne : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2300582121)