Place Saint-Bonnet, un chantier de 95m2 de fouilles archéologiques au coeur de Bourges
La densité des vestiges est tout à fait caractéristique d’un contexte urbain occupé depuis l’antiquité.
Les archéologues n'ont exploré que jusqu’à la profondeur correspondant au besoin d’implantation de colonnes enterrée de collecte des déchets, laissant à leurs collègues du futur le soin de poursuivre les observations. Pourtant les données récoltées sont déjà conséquentes et au terme de la fouille sur le terrain, s’ouvre désormais une longue phase d’étude. Sous la houlette de la responsable d’opération, l’équipe dispose maintenant de 24 mois pour laver et inventorier le mobilier, traiter les photos et réaliser les inventaires règlementaires, conduire ou commander des études et analyses, et enfin compiler les résultats au sein d’un rapport d’opération qui sera soumis à l’avis d’un comité d’experts.
Une visite des fouilles très appréciée par les habitants du quartier !
En novembre 2022 une cinquantaine de personnes ont pu satisfaire leur légitime curiosité, guidés par les agents du service. Le retour en est très positif !
Au total, 370 sépultures ont été découvertes, alors que 150, seulement, étaient attendues.
Les squelettes humains ont fait l’objet d’une fouille minutieuse dans le respect de la règlementation. La présence d’un archéo-anthropologue a permis d’établir, pour chaque défunt, un historique rapide.
En premier lieu sont déterminés, l’âge au décès et le sexe des adultes, afin de vérifier la normalité de la répartition de la population.
Lors du prélèvement des ossements, un premier diagnostic paléopathologique est établi. Os et dents permettent de dresser un bilan sanitaire pouvant signaler des maladies, des carences alimentaires ou, dans quelques rares cas, des accidents. Le plus souvent, ne sont trouvés que des phénomènes naturels de vieillissement, ou des troubles musculosquelettiques liés à des activités physiques répétitives.
Deux ensembles funéraires ont ainsi été identifiés :
- Le premier correspond à une nécropole de la fin du haut Moyen Âge (11ème siècle), sans doute installée sur les terres de l’abbaye Saint-Laurent, fondée au 7ème siècle, et dont une partie des bâtiments sont encore conservés rue Voltaire.
- Le second ensemble funéraire correspond au cimetière paroissial de l’église Saint-Bonnet, dont la fondation remonte au 13ème siècle. Celui-ci était en usage jusqu’en 1791.
Entre ces deux phases de cimetière, soit vers le 12ème siècle, est installée une grande place présentant des ornières.
Des traces d'habitat remontant à l'antiquité
En dessous de ces vestiges funéraires, apparaissent les traces d’un habitat comprenant un bâtiment construit sur des poteaux porteurs avec différents niveaux de sol et un cellier. Cette occupation peut être attribuée au haut Moyen Âge (époque carolingienne : 10ème & 11ème siècles).
Auparavant, au tout début du Haut Moyen Âge ou de l’Antiquité tardive (4ème & 5ème siècles), on remarque un bâtiment sur solin en pierres calcaires présentant un foyer. Cette construction à du remplacé un bâtiment maçonné du 2ème, voire du 3ème siècle, constitué d’un imposant mur maçonné, d’un sol en béton sur lequel apparait une empreinte de pilette d’un hypothétique hypocauste (salle chauffée par le sol) et peut-être d'un praefurnium (foyer servant à chauffer l’hypocauste). La compréhension de l'utilisation de l'espace à la période antique est particulièrement difficile, car les vestiges ont été fortement perturbés par les nombreux aménagements successifs des époques postérieures.